Quelles limites à l’usage
des robots dans l’apprentissage ?
Les idées d’usage de robots et d’intelligence artificielle ne manquent pas, et l’envie de s’en servir non plus d’après les participants de l’exposition : qu’attendons-nous donc pour les installer ? Malgré leur enthousiasme, les visiteurs ont été nombreux à émettre des doutes et à souligner les potentielles limites des robots dans l’apprentissage. La première source d’inquiétude porte sur le code informatique qui permet au robot d’agir et d’apprendre : comment s’assurer de sa fiabilité ? Qui est responsable en cas d’erreur ou d’accident ? Appliqué à la formation, quels sont les points d’attention qu’il faudra garder en tête dans la mise en service de ces robots ?
Le processus d’apprentissage des robots : comment fonctionnent-ils et quelles sont ses limites ?
En théorie
Les progrès technologiques permettent aux Intelligences Artificielles d’apprendre de mieux en mieux et leur progrès ne sont pas prêts de s’arrêter : elles peuvent déjà reconnaître des images, utiliser le langage, et même raisonner ! (lire l’article détaillé ici). À tel point que se pose la question : est-ce que leur capacité d’apprentissage dépassera un jour celle d’un humain ? (lire ici toutes les fois où une machine a battu un humain). Si oui, elles pourraient peut-être aider les humains à apprendre. Mais nous en sommes encore loin : aujourd’hui l’apprentissage des robots reste limité :
– les robots ont un processus d’apprentissage mono-compétence : ils se spécialisent sur un seul type d’information, ce qui les rend encore imprédictibles dans des situations complexes. (plus de détails dans cet article).
– Les robots peuvent être influencés par les humains qui écrivent leur code.
S’ils ne peuvent pas tout apprendre et tout nous enseigner, nous pouvons en revanche apprendre d’eux ! Le processus d’apprentissage des robots fait parfois écho au nôtre : pour concevoir leur processus d’apprentissage, nous sommes obligés de prendre du recul sur le nôtre.
Les robots : miroirs de nos manières d’apprendre
En théorie
Comme le soulignent plusieurs chercheurs, notre relation aux robots est souvent une relation en miroir : nous projetons sur eux nos manières de faire, nous les créons à notre image, ils nous font réfléchir sur ce que nous devenons (pour creuser cette notion, lire cet article du Monde sur les droits des Robots).
Dans le cadre de l’apprentissage aussi, les robots sont de très bons miroirs (c’est pourquoi ils sont de si bons partenaires d’entraînement lien vers le 3. A ?). Frédérique Gérard dans sa conférence, « Les robots : miroirs de nos manières d’apprendre » nous explique ce qu’on peut apprendre de nous-même grâce aux robots :
Au-delà du miroir, les limites du robot formateur
En pratique
Les robots peuvent donc beaucoup nous apprendre par leur simple existence et leur développement, mais peuvent-ils se substituer à nos formateurs ?
Pour répondre à cette question, les participants ont instruit le procès du robot formateur I-teach, coupable d’avoir pris la place d’un formateur humain en 2037. Les participants ont joué le rôle de l’accusation, de la défense et des juges.
Cet atelier nous a permis d’identifier 4 points d’attention majeurs concernant la mise en service des robots formateurs :
1. Le manque d’empathie des robots (déjà mentionné dans le « Portrait-robot du robot formateur ») : l’impossibilité de capter et comprendre les émotions humaines peut constituer un risque si ce n’est un danger pour les apprenants dans certaines situations complexes.
2. Manque d’adaptation : en effet, comme on l’a vu précédemment, un robot ne peut pas s’adapter à toutes les circonstances et à tous les apprenants à l’instar d’un humain ; n’ayant pas les capacités de sortir de sa zone de data, le risque serait d’obtenir un enseignement très binaire ou incomplet.
3. La fiabilité des données : l’enseignement transmis aura été codé et fourni par des individus, or, ces données peuvent être biaisées : comment s’assurer de la sécurité des informations qui lui sont transmises, ou qu’il ne diffuse pas de informations fausses ou dangereuses sans que les humains le sachent ? Par ailleurs, les robots collectent également des données sur les apprenants : comment seront-elles traitées ensuite et qui y aura accès ?
4. La sécurité : un robot peut être hacké pour diffuser de fausses informations, il peut également tomber en panne : il aura toujours a minima besoin d’humain technicien !
Cela dit, les participants étaient unanimes : les qualités du robot qu’on a déjà évoquées poussent néanmoins à l’utilisation de ce dernier dans le cadre de l’apprentissage (notamment sa disponibilité, son objectivité et son stock surhumain de connaissances). Alors que faire pour éviter de tomber dans ces écueils ? Une seule réponse revient dans toutes les bouches : le robot formateur devra s’accompagner d’un formateur humain !
Conclusion
« Acquérir par l’étude, par la pratique, par l’expérience une connaissance, un savoir-faire, quelque chose d’utile », c’est la définition du verbe apprendre.
Or, comme on l’explore dans cet article, dans quelques temps, grâce à des implants et des augmentations robotisées, l’humain pourra avoir toute l’information à portée de main et n’aura plus besoin de l’assimiler ou la stocker dans sa propre « mémoire interne » (son cerveau).
Si la technologie peut un jour permettre cette évolution, il n’est pas certain que l’homme choisira de l’utiliser. En effet, de nombreuses questions se posent sur l’impact de ces technologies sur l’apprentissage et le fonctionnement de nos cerveaux.
Toujours est-il que, déjà aujourd’hui, nous avons accès à de nombreuses informations en direct grâce à nos smartphone et nous sommes moins dans l’apprentissage de certaines données. Nous avons en revanche besoin de savoir les utiliser en contexte. L’intelligence des situations et la sollicitation des compétences adéquates en fonction, va ainsi devenir la clé de voûte de l’apprentissage. Cela repose sur beaucoup de compétences aujourd’hui peu développées en entreprise comme l’intelligence des émotions et des relations humaines, mais aussi la gestion des situations inattendues et complexes (que les I.A. ne pourront pas anticiper). En conclusion, avec les intelligences artificielles et les robots, ce ne sont pas que nos manières d’apprendre qui vont changer : c’est la définition de l’apprentissage lui-même qui va évoluer.
REMERCIEMENTS
Tous les IFCAMiens qui ont animé les ateliers
- Notre Partenaire D-Sides
- Les conférenciers
- Les participants
- Vincent Dubois + fournisseurs de livre
- L’équipe IFCAM mobilisée pour l’expo
1- Qu’est-ce qu’un un robot ?
(du 13 au 30 novembre)
Les participants ont pu en apprendre davantage sur le fonctionnement d’un robot et répondre en connaissance de cause à la question « suis-je prêt à apprendre avec un robot ? »
2- Apprendre avec les robots, c’est déjà possible !
(du 3 au 20 décembre)
Les participants ont découvert qu’il était déjà possible d’apprendre avec les robots et l’intelligence artificielle et se sont projetés dans l’avenir.